L’édito

OLIVIA CATTAN
Directrice de publication

 

 

 

 

           « Au-delà des mots »

Pendant des années, le mot Handicap a enfermé des millions de personnes dans une prison sans perspective d’avenir. L’intégration de ces millions d’hommes et de femmes, regardés comme des sous-citoyens ou pire comme une charge pour la société,  est restée au point mort. Le handicap invisible, comme l’autisme, a littéralement été oublié malgré des plans autisme successifs, de Simone Veil jusqu’au gouvernement Macron. Parce qu’au-delà des mesures politiques, il faut sans doute un homme ou une femme politique qui croie véritablement aux compétences que peuvent offrir les personnes autistes pour changer radicalement de politique.

L’Italie a ouvert une voie, depuis les années 70 à coup de désinstitutionnalisation, de classes allégées de 20 élèves, avec 3 personnes pouvant soutenir à différents niveaux la personne en situation de handicap dans la classe. Même si aucun modèle n’est parfait, il y a en Italie une réelle croyance en ces personnes différentes. Et ce n’est pas qu’une question de budget alloué à la cause du handicap, c’est une question de croyance en eux, et en leurs compétences, que les Italiens voient comme des richesses qui s’additionnent, et non comme un manque à gagner.

Alors lorsque j’ai décidé de créer ce journal, j’ai souhaité parler plutôt de différence que de handicap. J’ai également décidé de faire de ce nouveau magazine, un outil d’information mais aussi un pamphlet militant afin de faire progresser l’inclusion et le regard porté sur ces différences.

Mais je ne voulais pas non plus tomber dans l’excès inverse. En effet, depuis quelque temps, les politiques utilisent le mot « inclusion » comme un outil de communication positive pour exprimer leur intérêt pour cette cause ou comme carte de visite politicienne. Mais tant que cette volonté d’inclusion ne sera pas suivie d’une action politique concrète, rien ne pourra évoluer en France. Et les associations de parents continueront à se battre dans leur coin afin de faire évoluer l’accès de leurs enfants à l’éducation, la culture, le sport et l’emploi. Un autre quinquennat passera balayant d’un revers de main le droit de nos enfants, et tous nos espoirs.

Peut-être que cette cause avancera lorsqu’un président sera touché dans sa chair par le handicap de son enfant, comme en son temps Chirac, qui avait fait voter la loi de 2005 pour l’Egalité des chances.

Malheureusement, le manque d’accompagnement de cette loi n’a pas eu les résultats escomptés. Et aujourd’hui encore, les familles doivent se battre pour son application.

Alors nous espérons que le Magazine de la Différence permettra de mettre en lumière les personnes handicapées en les sortant de ce ghetto d’ignorance et d’indifférence. Et c’est à nous tous, élus, médecins, enseignants, patrons d’entreprises de créer cette nouvelle société, ce nouveau monde qui fera de toutes ces différences une force vive, et une force de progrès pour l’humanité.

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