Carole Grandjean : humaniser le combat politique et dépasser les clivages

Carole Grandjean est députée LREM de la première circonscription de Meurthe-et-Moselle, membre de la commission des affaires sociales. Co-présidente du groupe d’études Autisme. Elue en juin 2017, cette toute jeune députée, est une femme engagée avant toute considération de parti.  C’est tardivement dans un café en face de l’Assemblée nationale que notre entretien a eu lieu avec simplicité, écoute et bienveillance. Portrait d’une travailleuse acharnée qui ne ménage pas son temps pour les autres.

En tant que co-présidente du groupe Autisme avec Daniel Fasquelle, député des Républicains, Carole Grandjean m’explique tout d’abord que les 50 parlementaires, inscrits dans ce groupe, ont réussi à dépasser toutes querelles partisanes afin de servir la cause et les familles avant tout.

Si Carole Grandjean se dit favorable à l’inclusion des personnes autistes à l’école sur le modèle de l’inclusion à l’italienne, elle trouve néanmoins que ce modèle étranger reste encore imparfait en matière de salaire des AVS, de leur recrutement, et des réelles perspectives d’embauche des personnes autistes en fin de cursus. Tout en admettant évidemment que la France est à des années-lumière de l’Italie en matière d’inclusion des personnes en situation de handicap. Pour elle, il est fondamental « d’ouvrir la société à la différence ». Elle se dit satisfaite des moyens financiers donnés à la stratégie autisme qui permettrait, selon elle, « d’améliorer le diagnostic précoce, de mettre en place une prise en charge adaptée plus rapidement afin de réussir son inclusion à l’école ».

Elle considère qu’il y a encore de nombreuses choses à faire, et que le gouvernement ne peut pas rattraper d’un coup les 40 ans de retard. Mais qu’il faut « réfléchir au statut des AVS afin de pouvoir leur offrir des perspectives de carrière ». Elle explique également « qu’il serait urgent de mettre en place une meilleure coopération des équipes pédagogiques tout en laissant plus d’autonomie au directeur d’établissement ». Ses objectifs sont : « d’encourager la labellisation des professeurs et la certification des formateurs, faire en sorte que les familles n’aient plus à payer la prise en charge de leurs enfants autistes et que les soins de psychologues, psychomotriciennes et ergothérapeutes soient enfin remboursés par la sécurité sociale ». Et que cette prise en charge adaptée soit déclinée sur tout le territoire français. « Notre souhait aujourd’hui est d’aspirer à ce que chaque enfant en situation de handicap puisse aller à l’école afin qu’il devienne autonome tout en aménageant individuellement les choses. Avec le gouvernement, nous avons fait le choix de l’inclusion scolaire et des familles. Et il faut être en mesure d’entendre le désespoir des parents qui souffrent dans leur quotidien et leur apporter des réponses concrètes sur le terrain ». Cette trentenaire qui se revendique des idées féministes est une travailleuse acharnée qui passe de nombreuses heures dans le train entre Paris et les bancs de l’Assemblée et la Meurthe-et-Moselle : « J’aime ces allers-retours entre d’un côté la politique et de l’autre côté les gens, les familles que je rencontre lors de mes permanences. Cela permet de ne pas être déconnectée du terrain, et de rendre mon travail plus humain ».

Par Olivia Cattan

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