« Métro Boulot Gogo » de Zoé l’illustratrice

« Un gogo, c’est comme une voiture de collection, y’a toujours un truc qui ne marche pas. Joint de culasse claqué, durite percée, disque voilé, débitmètre HS ». Par Sabine Komsta

Zoé l’illustratrice dépoussière avec brio le sujet « handicap » en le sortant des écueils de la pitié et du politiquement correct. Ses textes et ses illustrations sont aussi mordants que désopilants. Résolument optimiste, elle traite le sujet de Rose, sa fille adolescente handicapée, avec le même humour décapant et impertinent que les autres aspects de sa vie, car le sujet “Gogo” en est juste un parmi les autres : il ne résume pas son existence.
Les tranches de vie croquées par Zoé sont légères, pétillantes et très addictives. Elles laissent le sourire et une empreinte résolument positive.
Elle a décidé d’habituer les « normaux » à ne plus avoir peur de la différence en leur ouvrant les portes du club VIP des “gogo” avec un large sourire. Zoé est une talentueuse ambassadrice qui réduit les frontières invisibles de ses coups de crayon pertinents.

 

« Comment garder un enfant autiste quelques heures pour aider ses parents ? » et « Comment comprendre mon copain autiste » De Peter Patfawl. La boîte à Pandore Editions.

« L’autisme, c’est comme si ton enfant marchait sous Mac pendant que le monde marche sous Windows. » Il y a urgence à vivre ensemble, c’est à cette entreprise que s’est attelé Peter Patfawl armé de son talent de dessinateur avec ces 2 manuels-manifestes. Le premier s’adresse à nous tous, proches, aidants ou encore curieux et ignorants, le second aux enfants qui côtoient ou côtoieront un enfant autiste dans leur entourage ou à l’école. Comment s’apprivoiser entre neurotypiques et neurodivergents sans se choquer, sans se brusquer ? Peter Patfawl nous a concocté un mode d’emploi sur-mesure, clair et ludique. Tout ce qui constitue le « Kit autisme » est abordé sur un ton humoristique mais cependant très didactique. Il nous fournit même des pictos de première urgence prêts à l’emploi pour toutes les situations du quotidien. Ces deux livres sont des passes-partout facilitateurs d’inclusion. Ce sont des must qui devraient être présents dans chaque école.

 

« Florette rentre à l’école » d’Alexia Quercy, Solenne et Thomas (illustrations) Publishroom Editions

Flore est une petite héroïne pas comme les autres. Elle a une différence qui s’appelle la trisomie 21. Loin des stéréotypes habituels, Flore ne se bat pas contre des loups méchants mais contre des limites qu’elle repousse avec courage même si elle plus lente à parler ou pour faire les choses. « Florette rentre à l’école » est le premier livre d’une série. « Florette est aidée par Nathalie » paraîtra ensuite, puis la collection s’ouvrira sur d’autres handicaps, tel l’autisme, les dys. C’est un excellent outil de communication sur le handicap pour les familles, les enseignants, les associations. Les textes sont adaptés aux enfants de 5 à 8 ans, pour les faire réfléchir sur le fonctionnement d’un enfant différent et préparer l’accueil d’un élève pas comme les autres. Flore vient dire aux grands et aux petits que vivre ou grandir auprès d’un enfant différent est vraiment une sacrée chance. Et ce n’est pas sa vraie maman dans la vie, Alexia Quercy, qui la contredira.

 

« Ted, drôle de coco » d’Emilie Gleason, Atrabile Editions

« Draguer n’est pas inné, l’humour c’est complexe et l’imprévu dans la vie c’est comme une arête dans la gorge, elle arrive brusquement et passe très mal. » Ce livre est un coup de poing efficace dans un gant raffiné. Ce drôle de Coco aux grandes jambes déboule à coups de traits nerveux tout au long de ce roman graphique aux couleurs vives. Emilie Gleason  nous plonge en apnée dans l’univers sans filtre de Ted, elle nous entraîne dans un tourbillon tour à tour comique et loufoque, tragique et violent. Ted travaille dans une bibliothèque, routine millimétrée métro-boulot-dodo qui dissimule mal une vie entravée par des rituels exténuants, des tocs et des tics, des routines et des repères. Tous ces multiples subterfuges pour survivre chez les « normaux ». Quand Emilie nous présente Ted, elle n’évoque pas le nom de ce syndrome (Asperger) qui se mesure sur l’étrange et mystérieuse échelle du spectre autistique. Armée de son talent et de son humour, elle brave son chagrin, vide sa colère, venge les humiliations subies par son frère, se moque des sentences biaisées des hommes en blouses blanches, et jette un sort aux ignorants. Dans ce drôle de Ted qui enchante et pourrit aussi la vie d’Emilie Gleason il y un peu de son frère bien sûr, mais il y a aussi tous les drôles de coco de son espèce qu’elle révèle tout en leur offrant une belle dignité à grands coups de crayons de couleur rageurs.

 

« Les enfants du silence » de Céline Boussié, Harper Collins Editions

Céline Boussié est une lanceuse d’alerte. En 2015, Céline Boussié dénonce dans la presse des actes de maltraitance institutionnelle envers les enfants, adolescents et jeunes adultes polyhandicapés pensionnaires de l’Institut Médico-Educatif où elle travaillait en qualité d’éducatrice. La Maison des enfants de Moussaron dans le Gers. Poursuivie en diffamation, elle est relaxée en novembre 2017, une première pour une lanceuse d’alerte en France. Elle dénonce l’omerta, la loi du silence qui est passée dans les mœurs de la société s’agissant des mauvais traitements réservés aux plus vulnérables. Elle relate son expérience qui a transformé sa vie en combat :  «Je caresse l’espoir que de mon témoignage naîtront une prise de conscience et des changements en profondeur pour qu’enfin les personnes en situation de handicap soient traitées avec bienveillance et dignité, dans le respect de leurs droits » «Je caresse également l’espoir que grâce à ce livre, plus aucun professionnel, plus aucune famille, n’ait peur de briser cette omerta parfois mortifère qui règne dans le secteur social et médico-social.»

 

 

Partager
Separator image Publié dans A lire.