Zoothérapie : des animaux au secours des hommes

Chiens, chats, chevaux, lapins… De vrais partenaires qui viennent en aide aux personnes fragilisées ou handicapées. La zoothérapie est un concept dans l’air du temps qui tente de valoriser les bienfaits de la relation animale.  

Mahe est allongé sur le lit de James. Dans sa chambre d’hôpital ! Ce labrador noir ne quitte jamais son jeune maître, autiste. Sa présence le sécurise et l’apaise en cas de crise ou de panique.

Des chiens multi-talents 

L’image de ce jeune Néo-zélandais de 9 ans qui devait être hospitalisé pour réaliser une IRM sous anesthésie générale a fait le tour des réseaux sociaux en février 2016. Un chien dans un hôpital ? Et pourquoi pas ! Le talent des animaux a depuis longtemps fait ses preuves, notamment auprès des personnes en situation de handicap. On connaissait les chiens guides d’aveugle, puis ceux d’assistance mais le panel canin se diversifie aujourd’hui avec les chiens d’éveil ou encore ceux de « soutien émotionnel » (« emotional support animal » en anglais), qui accompagnent ceux qui ont subi un traumatisme psychique ou ayant des troubles du comportement dans le but de les rassurer, de les tranquilliser. C’est le cas, notamment, des anciens soldats victimes d’anxiété ou de dépression après leur retour d’opérations militaires.

Le concept de zoothérapie 

Des chiens mais pas que ! Chats, lapins, chevaux, ânes, poules, chèvres… Il y a un terme pour chacun, asinothérapie, équithérapie, et une définition commune à tous, la zoothérapie. Le bienfait procuré par la présence des animaux n’est plus à prouver. Pourtant, ils sont rarement les bienvenus dans les institutions ou lieux de santé. Combien de personnes âgées sont contraintes d’abandonner leur fidèle compagnon lorsqu’elles entrent en maison de retraite ? Raison de sécurité, d’hygiène… Sans prendre en compte la grande détresse affective dans laquelle cette séparation les plonge. Dans un sondage (dogfidelity.com – Assur O’Poil) de 2016, 96% des répondants plébiscitent pourtant la médiation animale et considèrent de façon unanime qu’elle peut être source de réconfort pour les personnes en difficulté, âgées, atteintes de maladie, en situation de handicap. Cette méthode éprouvée dans les pays anglo-saxons -un bar à chats a même ouvert à Londres pour les business men trop stressés !- commence à faire son chemin dans notre pays.

Bientôt dans les institutions ?  

83% des personnes interrogées trouveraient donc pertinent que les médecins puissent, à l’avenir, recommander, voire prescrire, la présence d’un animal en accompagnement d’une thérapie. Cette porte reste à ouvrir dans les maisons de retraite mais également dans les établissements médico-sociaux, en accompagnement des soins ou de la prise en charge psychologique. La MAS (Maison d’accueil spécialisée) de Montanay, dans le Rhône, a déjà franchi le pas en adoptant un labrador qui vit au milieu de ses résidents handicapés mentaux ; il est devenu la mascotte du groupe.

Un institut dédié unique en France 

S’appuyant sur cette tendance dans l’air du temps, l’Institut français de zoothérapie  a vu le jour en Isère. Unique en France, il propose des formations professionnelles et de recherche sur les pratiques de la médiation animale, animé par une équipe de professionnels du médico-social (psychologue-clinicien zoothérapeute, spécialiste des troubles du développement ou encore infirmière). Plusieurs espèces ont investi les lieux et toutes ont reçu une éducation spécialement dédiée aux programmes de médiation. L’animal ne ment pas, ne parle pas, ne juge pas et ne renvoie pas aux difficultés familiales et personnelles. Il se contente d’offrir sa présence rassurante, aimante, qui ne demande rien en retour. La thérapie par médiation animale, qui se pratique en individuel ou en petits groupes, cherche à éveiller des réactions visant à maintenir ou améliorer le potentiel cognitif, physique, psychosocial ou affectif. C’est aussi un outil pour développer la dextérité perdue, favoriser les capacités mentales, retisser le lien social et rompre l’isolement.

Un trophée des chiens héros 

Cet institut entend développer un réseau de professionnels en Europe mais aussi mener une réflexion sur ce sujet avec les professionnels de santé, du social et de l’enseignement spécialisé. Chaque année, il est présent sur le salon national dédié au handicap, à Paris ou Lyon. Il a suffi de deux lapins et d’un cochon d’Inde pour provoquer un attroupement, témoignant de l’impact sans pareil de la médiation animale auprès de ce public. Encouragée par cette tendance, fin 2017, la Société Centrale Canine (SCC) décernait les « Trophées des chiens héros » aux représentants de l’espèce canine ayant joué un rôle exemplaire, notamment au service du handicap. C’est Fatou, un Cavalier King Charles de 7 ans, qui en est la lauréate ; elle fait partie de l’unité d’activité cyno-thérapeutique du centre de soins psychiatriques Philippe Pinel, à Amiens. Ce service unique en France entend tirer parti des interactions entre un patient et un chien pour atteindre des objectifs thérapeutiques ou éducatifs définis avec les équipes soignantes. Une démarche qui a… du chien !

Par Emmanuelle Dal’Secco

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